« Un horizon élargi » du collectif La línea que camina
23 mai 2023 - 02 juin 2023
Cette exposition présente un ensemble d’œuvres qui mettent en relation la littérature et la peinture. Les lectures partagées entre les artistes ont été le dispositif qui a permis d’ouvrir le dialogue pour la création. Il s’agit d’une nouvelle subjectivité visuelle qui se traduit par des œuvres de petite et moyenne taille. Le montage rassemble les œuvres en reflétant une relation entre elles et en même temps, le lien avec les textes lus, formant ainsi différents ensembles de pièces.
Les artistes : Silvina Resnik – Andrea Racciatti – Susana Schnell – Cristina Rochaix
Sur Un horizon élargi
De La línea que camina
Par Lara Marmor
I. Une ligne est une suite de points dans l’espace ou sur un plan. Ces points, potentiellement infinis, sont en interrelation. S’ils sont orientés dans la même direction, ils forment une ligne droite et si le trajet se modifie, une courbe se dessine. La línea que camina est un collectif artistique perpétuellement orienté vers le changement.
Andrea Racciatti, Silvina Resnik, Cristina Rochaix et Susana Schnell, collaboratrices depuis 2015, sont des artistes aux productions visuelles très diversifiées. Elles trouvent dans cet espace de sociabilité un puissant outil pour réaliser des projets d’exposition nés d’un échange constant et soutenu d’affectivité et de travail autour de leurs œuvres respectives et de leur production commune. Le collectif est auto-organisé, articulé autour de ce que l’artiste argentin Roberto Jacoby définit comme la « technologie de l’amitié », soit l’acte de faire et penser avec les autres.
II. Si l’histoire des groupes d’artistes est ancestrale, la notion de collectif connaît une expansion récente en Argentine. Avec le changement de millénaire et plus précisément avec la crise politique, économique et sociale que traverse l’Argentine en 2001, de nouvelles formes émergent autour de la pratique artistique, dont celle du travail collaboratif. Parallèlement à la prolifération des assemblées de quartier qui investissent les centres urbains de différentes villes du pays, les artistes, en pleine explosion sociale, commencent à se regrouper en vue de s’autogérer.
Cette organisation facilite les échanges fluides de liens et de regards, tout en générant une nouvelle dynamique autour de la conception de projets tels que des expositions, des ateliers ou des rencontres. Elle offre également un soutien dans un contexte d’instabilité, une manière de vivre et de ressentir qui est devenue habituelle en Argentine depuis de nombreuses décennies. La déclaration de La línea que camina souligne : Dans ce contexte de fragilité, de transition et de déracinement mondial, notre projet est une manière de marcher et de créer des espaces d’échange qui favorisent les intersections et tendent des ponts entre les personnes. À travers l’action artistique, nous proposons de trouver des réponses qui aident à rassembler des fragments d’identité dispersés, dans le but de construire et de nous enrichir à travers cette différence.
Un horizon élargi émerge de lectures partagées, notamment de la rencontre avec « Instructions pour monter un escalier à l’envers » de Julio Cortázar, que les artistes utilisent comme point de départ pour créer un puzzle d’œuvres. Une installation collective.
III. Nous avons commencé par la définition d’une ligne, puis nous avons abordé l’idée du collectif, c’est maintenant le tour de la ligne courbe, celle qui bouleverse l’unidirectionnalité et qui fait référence au changement… Mais qu’est-ce que le changement ? Pourrait-on l’envisager comme le fait Lauren, l’héroïne de la saga de paraboles dystopiques1 écrites par l’Américaine Octavia Butler, comme une force ou une entité puissante ? Alors que Lauren tente de se sauver et de fonder une nouvelle communauté dans un monde entièrement dévasté, elle est accompagnée par un journal et dans l’une de ses entrées, elle écrit :
Et pourtant, chaque créature
Se voit chassée du paradis :
Vers la croissance et la destruction,
Vers la solitude et une nouvelle communauté,
Vers un immense, et constant
Changement.2
La línea que camina, c’est précisément cela: une union qui ne marche pas en ligne droite, qui n’avance pas mais qui se déplace, élargissant l’horizon qui n’est plus plat. Il s’agit d’un collectif qui possède la force de la sororité, la force du Changement.
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1 La Parábola del sembrador (1993) y La Parábola de los talentos (1998).
2 Butler, Octavia, La parábola de los talentos, Capitán Swing, Madrid, 2021. PP. 121
Date
Vernissage mardi 23 mai de 19h à 21h
Exposition visible jusqu’au 9 juin.
Tarifs
Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles.
Infos
Cette activité est organisée dans le cadre des Semaines de l’Amérique latine et des Caraïbes.