Murs et hors murs | Michel Goulet [Vernissage]

À l’occasion de l’installation de Prendre position, œuvre imaginée et réalisée par Michel Goulet pour souligner le 100e anniversaire de la Cité internationale universitaire de Paris, France Mainville, directrice de la Maison du étudiants canadiens, propose un survol de l’œuvre de cet artiste québécois majeur dans le champ de l’art public.

Dispersées à travers villes, pays et continents, les œuvres de Goulet échappent à l’instantané. Difficile, ainsi, de cerner d’un seul regard la portée de sa démarche. C’est pourquoi une sélection d’une quinzaine de projets — parmi plus de 80 réalisés au cours des 50 dernières années — est présentée sous forme de photographies, pour permettre une lecture panoramique de son parcours.

L’art de Michel Goulet s’enracine dans l’espace public. Il y transforme les objets ordinaires en expériences poétiques, en invitations à la pause, à la mémoire, à la réflexion. La chaise, en particulier, devient entre ses mains un médium récurrent, métaphore du corps, de l’écoute, de la présence autant que de l’absence.

Là où d’autres artistes utilisent du texte pour provoquer ou dénoncer, Goulet emprunte une voie plus subtile, intime. Ses œuvres ne s’imposent pas — elles accueillent. Il privilégie une sculpture à échelle humaine, accessible, souvent interactive, qui propose un temps suspendu plutôt qu’un monument.

Depuis quelques années, son dialogue avec les mots s’enrichit par la collaboration avec François Massut. Ensemble, ils font naître des installations qui murmurent, racontent ou questionnent. Goulet ne fabrique ni les mots ni les objets — il les glane, les rapproche, les met en tension douce pour révéler leur pouvoir de suggestion.

Profondément inscrit dans le territoire et la mémoire des lieux, son travail repose sur une pratique développée dès les débuts de sa carrière, il y a plus d’un demi-siècle. Cette attention fine au contexte local, à la résonance des lieux, est aujourd’hui une valeur essentielle de l’art public contemporain — et Michel Goulet en est l’un des artisans les plus sensibles.