Les 15 janvier 2022 et 10 février 2023 marquent respectivement le 4e centenaire de la naissance de Molière et le 350e anniversaire de la création du Malade imaginaire, sa dernière comédie-ballet, réussite absolue par la fusion ingénieuse de la comédie, de la musique et de la danse. Ces dates hautement symboliques sont l’occasion pour le Théâtre Molière Sorbonne de présenter une version au plus proche de la création du Malade imaginaire, qui réactive les multiples facettes des arts de la scène de la seconde moitié du 17e siècle : déclamation, gestuelle, musique, chant, danse, acrobatie, costume et décors.
La particularité du Malade imaginaire, œuvre à laquelle le compositeur Marc-Antoine Charpentier et le chorégraphe Pierre Beauchamps ont apporté leur concours, c’est qu’il s’agit du spectacle de Molière pour lequel nous disposons du plus grand nombre d’archives : nous sommes ainsi renseignés sur ce qu’ont confectionné les tailleurs, le mobilier et les accessoires utilisés, la nature des décors et des instruments, les effectifs de musiciens, de chanteurs et de danseurs… jusqu’à la qualité des étoffes et au nombre plumes utilisées… Comme l’ont fait les musiciens baroques pour la musique ancienne, en revivifiant leur répertoire par un retour aux sources, notre Malade imaginaire vise à susciter la même séduction pour le théâtre. C’est aussi une opportunité de former aux techniques de scènes et aux savoir-faire patrimoniaux des interprètes (comédiens, danseurs, chanteurs, instrumentistes et acrobates), mais aussi des artisans (peintres, costumiers, accessoiristes, plumassiers, menuisiers) en voie de professionnalisation.
En somme, une démarche archéologique pour provoquer le rire et éblouir les yeux et les oreilles des spectateurs du 21e siècle, comme Molière l’avait imaginé pour son propre public, ou en d’autres mots, pour proposer des spectacles aussi vivants et parlants qu’à leur création.
Fondé en 2017, le Théâtre Molière Sorbonne a pour mission de faire revivre les techniques anciennes de déclamation et de jeu du 17e siècle à partir des travaux de recherche académique et artistique les plus récents. Véritable école-atelier, elle s’adresse à toute la communauté étudiante de Sorbonne Université désireuse d’expérimenter une manière nouvelle de restituer les pièces de théâtre telles qu’elles étaient jouées à l’époque de Molière, Corneille et Racine.
Professeur émérite à Sorbonne Université, Georges Forestier a publié des ouvrages sur Corneille, Racine et Molière, et les grandes éditions annotées de Racine (1999) et de Molière (2010, co-direction avec Claude Bourqui) dans la « Bibliothèque de la Pléiade ». Il a également publié une biographie de Molière (Gallimard, 2018).
Ingénieur de recherche au Centre d’Étude de la Langue et des Littératures Françaises (CELLF) de Sorbonne Université, Mickaël Bouffard est historien d’art, spécialiste du geste, de l’iconographie théâtrale, du costume et des pratiques scéniques sous l’Ancien Régime (théâtre, opéra, ballet).