« Le cœur du fragile » de Marisa Martínez Pérsico
28 août 2023
Récital de poésie et présentation du livre « Le cœur du fragile » (Nautilus, Zaragoza, 2023, collection bilingue franco-espagnole).
Est-il possible de construire une maison dans l’air ? Ces poèmes naviguent librement dans un réalisme de recherche méditative et de forte tension lyrique, proche de la poésie de la pensée, du symbolisme de ligne claire, avec des images et des ressources qui renforcent sa voix sans tomber dans un expérimentalisme extrême ou un prosaïsme sec. Avec des modalités aphoristiques et ludiques, à partir d’un certain laconisme épigrammatique, il y a une lecture attentive des classiques, un regard profondément existentialiste qui s’illumine parfois d’une imagination débordante, entre onirisme et expressionnisme, pour aborder les grands sujets mais aussi les petites histoires du quotidien. En voici l’un des axes vertébraux : le regard domestique d’une demi-voix qui frôle le soliloque et évite la grandiloquence ; un carrefour d’intimité et d’engagement qui n’admet pas de frontières et s’élargit avec des voyages dans différents pays et cultures, en se montrant solidaire des malheurs des démunis du monde.
Sa poésie célèbre une généalogie matrilinéaire, une sororité nécessaire et défendue, mais elle n’ignore pas la paternité qui l’a rendue possible : « pour que cet amour existe, il a dû y avoir un homme ». Et cette position l’éloigne des fondamentalismes qui, tout en revendiquant à juste titre la marginalisation historique des femmes, annulent la possibilité d’une intégration des genres à la recherche de l’harmonie : « Platon le disait déjà dans son Banquet/ Nous avons perdu, Maria, l’instinct d’unité ». La transhumance du déracinement avec la liberté du flâneur marque au fer rouge l’énonciation sans tomber dans la lamentation ou la désolation. La finesse de cette voix élégiaque réside dans le juste équilibre entre la blessure et l’émerveillement de ce qui fleurit.
Élégie pour ce qui était et disparaît, étonnement pour ce qui est et la remplit. Poétique de la célébration de la vie malgré la reconnaissance des cicatrices. Car habiter, c’est errer, mais aussi faire son nid, alternativement.
Laura Scarano
* Marisa Martínez Pérsico (Lomas de Zamora, Buenos Aires, 1978) est titulaire d’une licence en lettres de l’université de Buenos Aires et d’un doctorat en littérature espagnole et latino-américaine de l’université de Salamanque. Elle vit en Italie depuis 2010, où elle est professeur d’université. Elle a reçu des prix de recherche de l’université de Lanús, de l’UNESCO et de l’université de Salamanque pour des études sur Leopoldo Marechal, José Martí et la poésie équatorienne du XXe siècle. Elle a été curatrice des éditions de Joan Margarit, Leopoldo Marechal et Luis García Montero.
Date
Lundi 28 août
Horaires
19h
Tarifs
Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles.
Infos
Activité en présence de l’autrice avec la participation de Mariano Rolando Andrade et Mikäel Gómez Guthart.